- Par Océane Perruisset
L’Himalaya, constituée de plusieurs grandes chaînes de montagnes situées en Asie du Sud, s’étend sur sept pays et abrite 10 des 14 sommets de plus de 8000 mètres dont le célèbre Mont Everest qui culmine à 8 848 mètres d’altitude. Les chaînes de montagnes himalayennes sont composées de plus de 10 000 variétés de plantes, 900 espèces d’oiseaux et 300 espèces de mammifères. Cependant, cet écosystème déjà naturellement fragile subit les effets du réchauffement climatique et des activités humaines.
Le premier effet du réchauffement climatique sur cette région montagneuse est indéniablement l’accélération de la fonte des glaciers. Depuis 1970, les 49 stations climatiques situées sur les différentes chaînes ont en effet enregistré une hausse de température moyenne de 1,2 C°. Or, 32 000 km² de glaciers recouvrent l’Himalaya et ce sont les premiers touchés par ce phénomène. L’un des glaciers parmi les plus importants en Inde, le Bara Shigri, recule en moyenne de 36 mètres par an. De plus, la durée de leur formation diminue annuellement. Ainsi les hivers sont de plus en plus tardifs et ne laissent pas assez de temps à la neige pour se transformer en glace.
Les grands cours d’eau traversant l’Himalaya, comme le Yamuna, le Gange ou encore son affluent le Kosi, sont alimentés par la fonte des glaciers, qui selon le cycle naturel, leur fournit près de 1 200 000 de m3 par an. Or, la fonte accélérée va d’abord augmenter le débit des fleuves dont on estime qu’il atteindra un pic entre 2050 et 2070 et provoquera alors des crues et inondations qui pourraient détruire les cultures et les habitations aux alentours. Malheureusement ce phénomène a d’ores et déjà débuté et causé des dégâts importants, comme en 2008, lorsque la crue de la rivière Kosi dévasta le Bihar. En revanche, nous pouvons à terme craindre d’importantes pénuries d’eau, des sècheresses, ainsi qu’une accélération de l’érosion et l’altération du dépôt de sédiment.
Pour pallier ce problème, plusieurs solutions sont envisagées. La première réside dans l’éducation des jeunes habitants à l’écoresponsabilité, ainsi que l’introduction à des nouvelles méthodes de culture permettant de s’adapter aux crues et aux décrues des fleuves. Pour l’instant, ces méthodes sont expérimentées dans deux villages bordant le fleuve Gange. Dans un tout autre registre, l’élaboration de glaciers artificiels a été pensée par un ingénieur, Sonam Wangchuk, dont l’objectif est de faire reculer au maximum la fonte des glaces, qui débute de plus en plus tôt dans l’année. Ainsi en plein hiver l’eau est siphonnée en altitude dans les rivières, à l’aide de tuyaux. Elle est rejetée dans l’air grâce à la pression et gèle instantanément sous l’effet des températures extrêmes. Se créent alors des cônes de glaces pouvant atteindre jusqu’à 50 mètres de haut. L’eau du glacier fond donc moins rapidement et le débit plutôt faible permet ainsi de réguler l’irrigation des agricultures, sans craindre des crues ou pénuries. Néanmoins, cette alternative ne constitue pas une solution durable pour empêcher la fonte des glaciers. Il faudrait en outre réduire les gaz à effets de serre pour ralentir le réchauffement climatique, qui, rappelons-le est la cause de l’augmentation des températures et donc de cette fonte précoce.
L’Himalaya abrite également de nombreuses forêts dans les moyennes montagnes. Cependant, celles-ci ne sont pas non plus épargnées par la déforestation. Outre le fait que les ressources forestières diminuent, cela bouscule l’équilibre des vallées. En effet, les pentes dénudées sont plus sujettes aux glissements de terrains et aux avalanches. Néanmoins le Bhoutan semble échapper à ce cycle, notamment grâce à une politique de maintien des forêts sur 60% de son territoire (largement dépassé puisqu’il est actuellement couvert à 71% de forêts).
Le développement du tourisme affecte aussi la biodiversité himalayenne. Bien qu’il apporte des revenus en devises fortes aux différents pays ainsi que la création d’emplois pour les populations locales, il entraîne des externalités négatives importantes. En effet, entre la surexploitation du bois comme combustible, la contamination des cours d’eau, la dégradation des sentiers et la pollution des régions les plus fréquentées, la préservation de cet espace devient alors un enjeu majeur. Des mesures de protection environnementales nécessaires ont été mises en place, tel que l’Annapurna Conservation Area, qui constitue aujourd’hui la plus grande zone protégée du Népal. Le projet, mis en place en 1986, tente de trouver un équilibre entre développement économique et social et préservation de l’environnement. Pour se faire, des centrales électriques ont été construire afin de réduire l’utilisation de bois combustible et donc la déforestation, des opérations de nettoyage et de reboisements sont régulièrement organisées, tout cela étant en partie financé par les redevances payées par les voyageurs et l’aide internationale. Enfin, les populations locales sont aussi invitées à participer à la mise en œuvre du projet.
Les défis qui touchent l’aire Himalayenne sont donc nombreux, néanmoins beaucoup d’individus tentent de trouver des solutions pour limiter l’impact environnemental. Cependant, les actions des gouvernements, mis à part celui du Bhoutan, restent superficielles et insuffisantes. Tous favorisent leur économie et aucune réelle coopération n’est prévue pour le moment. D’ailleurs la Chine projette de construire près de 700 barrages dans les années à venir de même que l’Inde qui en prévoit 250.
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