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Intérêts de la Chine dans la région autonome du Xinjiang

- Par Catherine Convert


En 2017, un contrôle approfondi de la population Ouïghoure est lancé dans la région autonome du Xinjiang en Chine. Les sources d’information appuient sur le caractère préventif d’actes terroristes qui pourraient découler de cette communauté et appuient principalement sur le caractère ethnique et sécuritaire de cette mesure. Au vue des différents projets de la Chine, notamment en termes de route de la soie et des ambitions sécuritaires intérieures, il se pourrait que le Xinjiang ne soit pas uniquement sollicité pour sa différence culturelle et confessionnelle.


a) Le Xinjiang en travers de la route de la soie


La ville de Khorgos, considérée comme le prochain pôle de la région du Xinjiang, à la frontière du Kazakhstan, a reçu de nombreux investissements de la part de la Chine pour permettre aux marchandises chinoises de s’imposer sur le marché d’Asie Centrale grâce à de nouvelles infrastructrues (deux voies ferrées pour des trains à grande vitesse ont été construites ainsi que de nouvelles routes). Le Xinjang, considéré comme le “far west asiatique” sera amené à recevoir de plus en plus d’investissements, et donc de plus en plus de modifications de son paysage encore traditionnel et rural. Des projets de buildings, de bureaux, de centres commerciaux sont à prévoir. Khorgos pourrait donc rapidement devenir le Shenzhen de l’Asie Centrale d’ici 2049 et la région, le coeur de la route de la soie du XXIème siècle du fait de sa frontière commune avec huit pays et s’étendant sur plus environ 5 800 kilomètres.


La population Ouïghoure représente donc un frein à ce développement pour une raison simple. Au delà du fait que la population régionale considère la Chine comme un colonisateur et se montre donc hostile à tous ses projets, elle est également une population culturellement éloignée de la Chine méridionale, du fait de la présence majoritaire de la religion musulmane. C’est aussi une communauté traditionnelle, vivant en marge du développement mondial.


Les camps de rééducation observés auraient donc un double rôle : celui de mettre les revendications de cette population en attente, mais aussi de les préparer à l’arrivée de ces changements en leur donnant une éducation plus “méridionale”. Les habitants du Xinjiang pourraient représenter la future main d’oeuvre, qui représenterait environ un million d’individus. Ces camps de rééducation seraient donc, selon la Chine, un moyen de prévenir le terrorisme, mais surtout de plier cette population aux objectifs nationaux en leur inculquant des valeurs avec lesquelles ils n’ont pas encore été familiarisés, du fait de leur traditionalisme et leur herméticité à l’Etat.


b) La population Ouïghoure comme objet d’étude


En 2020, l’Empire du Milieu projette de mettre en application son projet de notation de sa population. Parallèlement, en 2017, Urümqi est devenue l’une des villes les plus surveillées sur Terre. La population ouïghoure servirait donc de “laboratoire” pour la mise en place de ce futur système de contrôle.


Il y a, de ce fait, de nombreuses concordances entre les systèmes de surveillance d’Urümqi et les projets de notation de la population nationale. Dans la région autonome, les résidents sont fichés et ont des accès contrôlés aux ressources. Ceux qui dérogent aux règles reçoivent des sanctions et se voient soumis à une rééducation. Dans le projet de 2020, les “mauvais chinois” se verraient, dans le pire des cas, interdits de transports publics et rencontreront également des difficultés à trouver un emploi. Selon Zhu Shengwu, avocat chinois et défenseur des droits de l’Homme, “ ce qui se passe au Xinjiang, c’est ce qui attend tous les Chinois ”. Ainsi, les succès obtenus dans la région permettront de peaufiner le système de contrôle à l’est.


Le Xinjiang représente une réelle opportunité pour la Chine de justifier cette expérience grandeur nature. A la fois composée d’une population musulmane peu représentée sur le sol national et d’une population traditionnelle et rurale, la région est impuissante face au projet de route de la soie. De plus, la crainte généralisée de la scène internationale concernant les avancées du terrorisme semble presque justifier ou partiellement expliquer les manoeuvres chinoises. Malgré la dénonciation de l’Organisation des Nations Unies et des organisations internationales comme Human Rights Watch ou Amnesty International, la Chine continue de faire la sourde oreille et nie toutes les accusations tout en continuant à perfectionner son plan de surveillance généralisée.


BIBLIOGRAPHIE


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